imaginez un concours dont le prix serait le suivant : chaque matin une banque vous ouvrirait un compte créditeur de 86 400 $ . Mais il y a deux règles : la première est que tout ce que tu n'as pas dépensé dans la journée t'es enlevé le soir, sans pouvoir virer l'argent dans un autre compte, tu ne peut que le dépenser, mais chaque matin au réveil, la banque t'ouves un compte avec 86 400$ pour la journée. La deuxième règle est que la banque peut interrompre ce petit jeu sans préavis ; à n'importe quel moment elle peut te dire que c'est fini, qu'elle ferme le compte et qu'il y en aurait pas d'autre.
Que feriez-vous si un tel don vous arrivait ?
Alors que faisons-nous de nos 86 400 secondes quotidiennes ? |
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Marc Levy ; Et si c'était vrai ...
Chacun comprend de quoi l'on parle lorsqu'on parle du temps. Qui ne croit même connaître intimement celui-ci ? Nul besoin d'être Kant, Einstein ou Heidegger pour s'autoriser à y aller de son avis d'expert, pour mettre en avant sa propre conception de la chose, pour raconter une petite anecdote personnelle. Eh oui ! On appartient à la condition humaine, on a ses opinions, une expérience à soi et cela suffit, pense-t-on, pour évoquer la question du temps. Ainsi colportons-nous sans cesse de vieux truismes et des idées-momies, comme si toutes nos réflexions sur le temps étaient d'emblée parasitées par les lieux communs. Portée par l'usage, émoussée par les commodités de langage, la notion de temps paraît toujours d'accès facile. Les philosophes ont beau la présenter depuis toujours comme une terrible épreuve de la pensée, nous nous laissons paresseusement abuser par ses allures familières.
Mais en réalité, cette familiarité apparente vient seulement de l'habitude, et non d'une élucidation. Car au fond, qu'est-ce que le temps ? Personne ne le sait vraiment. Et pour cause : dès que l'on s'intéresse à lui de trop près, il se durcit systématiquement en énigme ; et à chaque fois que l'on s'applique à mieux cerner sa nature, paradoxes et apories jaillissent aussitôt comme promesses en campagne électorale. Quelle que soit l'approche choisie (linguistique, philosophique, scientifique), on bute soit sur de nouveaux problèmes, soit sur d'anciennes difficultés que rien ne semble pouvoir dissoudre. Cette résistance inépuisable, c'est ce l'on pourrait appeler la « paradoxicalité » du temps.
Le temps, c’est quand …
« Le temps, c’est quand on va d’un Noël à l’autre. »
Paul Villeneuve
Brièveté de nos actes …
«On peut quelquefois retrouver un être mais non abolir le temps.»
[Marcel Proust]
Le temps n’est qu’une machine qui broie …
Le temps n’est qu’une machine qui broie dans ses rouages l’amour, jusqu‘à ce qu’il ne forme plus qu’un tas de poussière, que l’on balaie sous les tapis de la mémoire.
[Claudine Bry]
Attendre d’en savoir …
Attendre d’en savoir assez pour agir en toute lumière, c’est se condamner à l’inaction.
Jean Rostand, Inquiétudes d’un biologiste
Le passé est soldé …
Le passé est soldé, le présent vous échappe, songez à l’avenir. [Duc de Lévis]
Autant en emporte le temps
Sur les ailes du temps …
Le temps est le rivage de l’esprit ; tout passe devant lui, et nous croyons que c’est lui qui passe.
Rivarol
Le temps passe …
Le temps passe. Et chaque fois qu’il y a du temps qui passe, il y a quelque chose qui s’efface.
Jules Romains
Prends le temps …
Prends une pause…
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Le reniement du passé … Le reniement du passé est une funeste attitude. Et pour lutter contre le présent et créer de l’avenir, le passé est souvent l’arme la plus efficace. [Julien Green]
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Prends le temps de réfléchir,c’est la source du pouvoir.
Prends le temps de lire,c’est la base de la sagesse . Prends le temps de jouer,c’est le secret pour rester jeune. Prends le temps de garder ton esprit ouvert. C’est l’occasion d’aider les autres. Prends le temps de rire,c’est la musique de l’âme. Prends le temps de partager,c’est le secret du bonheur. Prends le temps de rêver,c’est l’avenir qui en dépend. Surtout et avant tout . Prends le temps de t’aimer un peu plus chaque jour. Car tu es le Joyau le plus précieux de la terre.
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On ne prend plus son temps, on l’achète …
A croire qu’on en mange tellement ils nous en vendent !
De quoi s’agit-il ? Du temps.
Existe-il chose plus immatérielle que le temps ? Il passe, immuable, insensible aux événements naturels ou humains. Il nous semble parfois s’arrêter, parfois s’accélérer. Ce ne sont que des impressions, des ressentis. Les minutes des amants séparés leur paraissent durer des heures, celles d’un étudiant qui sèche sur sa copie n’en faire que quelques secondes. Pourtant, insensible à tout cela, l’aiguille de la trotteuse égrène inlassablement le cours du temps qui passe.
Mais le mercantilisme de nos sociétés modernes s’est emparé de tout et voila que dans notre monde moderne, on vous vend du temps. Pire même : on vous le loue. Regardez autour de vous : combien de publicités vous proposent des forfaits, des tranches de temps ? 10h, 20h, 50h… Pour votre téléphone, fixe ou portable, un forfait. Vous avez droit à tel quota de temps en semaine, à tel autre pour les week-ends et les jours fériés. Vos connexions Internet ? Un forfait là encore, 5h pour les plus économes ou pour les plus pauvres, 20h, 50h… Illimité pour les plus avides ou les plus riches, ceux qui veulent se payer du bon temps.
Votre temps ne vous appartient plus, vous l’achetez, vous le louez, vous le payez par tranches, par prélèvement direct sur votre compte bancaire. Tout est devenu argent.
Plus de temps pour rien : tout se vend et le rêve disparaît
Pourquoi n’avons-nous plus de temps pour rien ? Parce que tout doit être instantané : le téléphone, partout, tout le temps, pour communiquer en permanence alors que jamais les gens n’ont été aussi seuls. Pouvoir être joint à tout instant, c’est se donner l’illusion d’être utile à quelqu’un, d’exister. Quelques mots à envoyer, une lettre ? Non ! Un fax, un mail, un SMS. Pas de réflexion, c’est immédiat, impulsif ; de toute façon, qui relit un SMS ?
A la télé, BFMTV, L.C.I et consorts nous informent sans relâche, tout dans le monde en temps réel. La pub ? Tout change, il faut suivre et être à la pointe des choses, ne pas faire partie de ceux qui ont un temps de retard… Avec les voitures, les avions, on peut aller partout quasiment tout de suite, suivant nos envies. Un week-end de shopping à Londres ou à Pékin ? Possible et pas si cher, mais que voyez-vous du pays, que connaissez-vous de ses habitants en deux jours ? Les touristes américains « font » l’Europe en 7 jours ; un jour par capitale et ils « connaissent » l’Europe.
Enfants, nous n’avons pas eu forcément tous les jouets dont nous rêvions. Est-ce encore le cas ? Les enfants rêvent-ils encore d’autre chose que ce qui leur est prescrit à la TV ? Rêver, désirer, c’est avoir du temps pour. Le temps de l’attente, le temps de la patience. Aujourd’hui, tout est fait pour supprimer celui-ci : « on » le fait pour vous, à votre place ; le rêve, on vous le crée, vous, vous achetez et comme il ne faut pas que vous vous rendiez trop compte de ce qui se passe vraiment, on vous supprime le temps de la réflexion, du désir, du rêve. C.Q.F.D.
Pour gagner du temps, vous trouverez des plats préparés, des aliments sous-vide à mettre au micro-onde, ainsi vous n’aurez plus à attendre à la cafétéria, aller au restaurant ou encore prendre le temps de rentrer chez vous.
Nous vivons dans un monde marchand, où il faut vendre et surtout croître. Pour croître, il faut vendre toujours plus, pour vendre plus il faut que les gens achètent plus et donc qu’ils se posent le moins de questions possible. Si vous n’avez pas le temps de vous poser des questions, vous achèterez plus, y compris du futile, du superflu.
Si l’on y réfléchit bien, un téléphone doit-il prendre des photos et faire des vidéos ?
coukie24 @
Le temps de la maturation
Il existe un temps pour tout. Un temps pour aller vite, un temps pour ralentir. Un temps pour faire, un temps pour attendre. Souvent, on voudrait que les choses aillent vite, plus vite, surtout dans les périodes où cela ne va pas fort. C’est comme l’envie de se secouer, de s’ébrouer pour que tombe cette seconde peau si désagréable au toucher.
Mais il existe un temps pour tout. Et les temps de latence, d’entre-deux, de silence ou encore de pause sont tout aussi importants que les autres temps.
J’entends souvent dire en séance : « j’aimerais tellement aller mieux, je voudrais me débarrasser une bonne fois pour toute de tout ce qui cloche chez moi … ». La lassitude n’est jamais loin, quand on mène un combat contre le temps lui-même.
Le temps n’est jamais un ennemi, c’est toujours un allié. En permettant à ce que nous vivons de « prendre son temps », on se donne à soi-même du respect, de l’amour, de la patience, de la douceur et de l’écoute. Le temps permet la maturation. Comme pour un bon vin. Le temps est le garant de la solidité de l’alliage que nous travaillons en nous : c’est le métronome sage de l’alchimie de notre devenir.
Il m’arrive parfois de n’être plus spécialement inspirée pour écrire, comme ces derniers temps. Mais ces périodes-là sont des bénédictions, elles aussi. Car elles apportent avec leur lenteur, leur silence et leur abandon quelque chose de fécond et de riche. Tout vient en temps et en heure. Il n’y a rien à précipiter. Et parfois même, quand monte le ras-le-bol, il est utile qu’il atteigne un certain seuil en soi pour que le changement s’opère vraiment et franchement. Tout vient en temps et en heure, et en ce sens, rien n’intervient jamais « trop tard » ou « trop tôt ».
Quand on entre dans ces épisodes où le temps semble s’étirer au-delà de notre « raisonnable-à-nous », alors on peut se dire simplement que « quelque chose vient ». Et tendre l’oreille.
Je vous souhaite une belle journée : prenez le temps de prendre le temps…et savourez !
Gaëlle
Source: Écho des deux rives (Fadoq - Régions de Québec et Chaudière-Appalaches) Été 2011